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L’arrivée de Joe Biden à « la Maison Blanche » est, malgré tout, porteuse de trois nouvelles positives :

  • Quand le populisme atteint des sommets de propagande et de manipulation, la participation électorale peut sauver la démocratie. 80 millions d’électeurs se sont mobilisés pour battre les 74 millions que Donald Trump a réussi à entraîner avec lui. Au total, l’abstention reste la meilleure alliée de la démagogie et donc la participation la meilleure réponse de la démocratie.
  • La cohésion nationale et notamment la lutte contre les différentes formes de l’exclusion (économique, raciale, sociale…) peut redevenir une valeur centrale de la grande démocratie américaine. Le succès de Biden quant à l’unité américaine n’est en rien acquis d’avance, mais avec Trump nous allions tout droit aux ruptures fatales. L’émergence politique de Kamala Harris lève de nombreux espoirs.
  • Le retour à des pratiques diplomatiques moins brutales et plus respectueuses des alliés est un préalable positif. La participation, à nouveau, des Américains au sein de l’accord de Paris sur le changement climatique et au sein de l’Organisation Mondiale de la Santé laisse espérer un certain renouveau du multilatéralisme et donc une gouvernance mondiale moins dangereuse. Bien sûr, l’Amérique continuera de se mobiliser pour la défense de ses intérêts, mais le niveau de nervosité actuel des relations internationales devrait baisser quelque peu.

Malgré ces quelques lueurs d’espoir nous entrons cependant dans une période où les difficultés internationales resteront très préoccupantes :

  • La coopération internationale face à la pandémie du Coronavirus a-t-elle des chances de l’éradiquer avant que l’économie internationale ne se soit effondrée ? La solidarité des nations résistera-t-elle à la montée des égoïsmes et de nationalismes et sera-t-elle suffisante pour reconstruire l’architecture financière de l’économie mondiale ?
  • La relation sino-américaine structurera la gouvernance mondiale dans la décennie à venir. Cette relation sera durablement difficile car une nouvelle compétition vient de s’ouvrir pour assurer le leadership de l’économie mondiale. Le numéro 1 veut conserver sa position, le numéro 2 n’accepte pas « d’être plafonné dans son développement » par le numéro 1 !
  • L’Europe trouvera-t-elle le chemin de son autonomie stratégique ou sera-t-elle condamnée à subir les arbitrages successifs de la guerre sino-américaine ? Pourra-t-elle trouver sa liberté dans son indépendance ? Conquerra-t-elle une capacité réelle d’initiatives ? Une volonté collective devra s’affirmer pour faire face aux défis qui sont posés à l’Europe tels que la création d’une défense européenne, la gestion des migrations, la relation Euro-Africaine, la lutte contre le terrorisme… Le temps de l’Europe est ouvert, il faut saisir cette opportunité.

Certaines des attentes du monde quant aux choix de l’Amérique trouveront leur réponse dans l’évolution même de la société américaine. Sur ce plan, les incertitudes sont aussi pesantes. Les séquelles de l’ère Trump risquent d’être durables. Les Institutions sont fragilisées, la violence continue de se développer, la majorité du nouveau pouvoir reste faible et l’économie par la pandémie est très affaiblie…

Le Monde n’a rien à gagner à une Amérique malade, elle pourrait devenir dangereuse. La France dans sa ligne historique restera « un allié non aligné », souhaitons qu’elle réussisse à rassembler l’Europe sur cette ligne. A cette condition nous aiderons l’Amérique à mettre ses forces au service de la Paix.

 

Jean-Pierre RAFFARIN

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