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Préface de Jean-Pierre Raffarin

CHINE : Nouvelle ère ou nouvel air ?

La confirmation solennelle de Xi Jinping à la tête de la Chine par le XIXe Congrès du Parti communiste chinois le 25 octobre dernier entérine  le programme qu’il s’est donné de « Faire triompher le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère ».

Cette annonce, dont 2021 et 2049 sont les deux échéances annoncées, traduit l’inscription de la stratégie chinoise dans le très long terme et à l’aune du monde. Le temps d’une Chine s’évertuant à rattraper l’Occident est révolu. Elle l’a dépassé, et prend désormais son propre chemin, qui est celui de l’innovation de la continuité et de l’équité, tant interne qu’internationale.

C’est une transformation amorcée de longue main, annoncée depuis cinq ans, à présent résolue. Elle ne prend personne par surprise, même si personne ne s’y préparait.

Le renforcement de l’Etat que cette transition requiert est une condition de l’unité nationale, une nécessité dans la correction de dévoiements cupides, un impératif pour garder le cap dans l’arène internationale. Souvent interprété à tort par les média occidentaux comme un retour au pouvoir personnel d’allure stalinienne, il a en vérité un caractère gaullien : la preuve en est publiquement donnée par la formation d’une équipe dirigeante de très haute qualité en même temps qu’est élevée d’un rang la stature du nouveau timonier.

Cette affirmation calme et résolue de la Chine est à rapprocher du retour en force de la puissance publique dans nombre de pays du monde, après le cycle libéral globalisateur qui s’épuise. Mais en professant le multilatéralisme, et en jumelant son objectif de progrès interne avec un idéal social et une exigence écologique, la Chine s’annonce comme une puissance de paix, aspirant à des échanges profitables mieux régulés et prenant pour base le respect mutuel.

Son initiative des nouvelles routes de la soie (Belt and Road Initiative, BRI) trace un chemin pour cette synergie globale dont elle entend faire demain le régime d’une nouvelle ère pour le monde. Elle s’étonne, et déplore, de trouver les Européens si frileux à s’y engager, mais n’attend plus qu’ils se mettent en marche. Désormais, elle chemine. Nous avons tort d’en rester un peu pétrifiés. Car c’est une bonne nouvelle.

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