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BILLET D’ACTUALITÉ : Retour au multilatéralisme

11 juin 2021

Par Philippe COSTE, Ancien Ambassadeur

La fin du premier semestre de l’année est traditionnellement marquée par une série de rencontres entre les puissants de ce monde : c’est presque devenu la routine. Mais cette année, le programme des prochaines festivités revêt un intérêt tout particulier. C’est dû, naturellement, à l’importance des réunions annoncées : G7 à Londres du 11 au 13 juin, Sommet de l’Alliance Atlantique à Bruxelles le 14 juin, rencontre de Joe Biden avec le Président du Conseil européen, la Présidente de la Commission le 15, Sommet Biden-Poutine à Genève le 16, le tout clôturé par un Conseil Européen – à vingt-sept mais sans Biden cette fois – à Bruxelles les 24 et 25 juin. C’est déjà beaucoup mais il y a plus : la présence répétée de Joe Biden dont ce sera la première apparition physique en Europe en tant que Président des Etats-Unis.

Contrairement à son prédécesseur Donald Trump, Joe Biden est convaincu que l’action collective permet d’avancer beaucoup plus efficacement que les prises de position individuelles. Il considère donc que le multilatéralisme correspond à l’intérêt général et à l’intérêt particulier des Etats-Unis. Quand on considère la séquence de la semaine prochaine – G7 + OTAN + UE + sommet Biden-Poutine – on devine l’intention sous-jacente : afficher la solidarité des démocraties face à la Russie et, indirectement, face à la Chine. Le fait qu’au G7, en plus des participants traditionnels, aient été invités l’Inde, l’Australie, la Corée du Sud et l’Afrique du Sud ne peut que confirmer cette impression.

On va scruter dans les prochains jours quel degré de cohésion atteignent ces différentes incarnations de la démocratie (dans la conception occidentale) et ce qu’elles sont capables de produire comme initiatives et comme messages en direction du monde extérieur.

Les thèmes de coopération ne manquent pas. La santé figure en tête des urgences et, notamment l’accélération des livraisons de vaccins des pays riches aux pays pauvres. Elle est suivie de très près par le climat : comment mieux mobiliser la finance climat en faveur des PVD et leur faciliter les transferts de technologie ; comment gérer avec les pays partenaires la mise en place du « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières » que l’Union Européenne s’apprête à proposer formellement… Les questions économiques, commerciales et financières se pressent derrière. Ici, l’accord intervenu entre les ministres des Finances du G7 sur la fiscalité des géants de la tech constitue une avancée remarquable : reste à savoir s’il pourra être étendu au-delà de ces pays qui ne représentent plus que 40 % du PIB mondial. Sur les questions de sécurité aussi, on verra si l’Alliance Atlantique est capable d’aller plus loin que la rituelle proclamation de solidarité et d’engager des initiatives concrètes ; ici aussi les sujets ne manquent pas, du Sahel à la cybersécurité. Bref, c’est la capacité de ces aréopages à produire des mesures utiles pour le reste de la planète qui permettra – ou non – de démentir l’image d’un Occident en irrémédiable déclin que se plaît à répandre Pékin.

Un Conseil Européen des Vingt Sept clôturera la séquence. Il pourra en tirer la leçon pour ce qui concerne l’Union. Il ne manquera pas non plus de faire le point sur toutes les avancées majeures qui, en parallèle, se réalisent en ce moment à Bruxelles : l’accord qui va obliger les multinationales à publier la ventilation de leur profits en fonction de l’Etat membre où il a été réalisé et la mise en place du plan de relance européen (NGUE : Next Generation Union Européenne), c’est à dire, dans l’immédiat, le démarrage des opérations d’emprunt de la Commission sur les marchés et, à terme rapproché, l’institution de nouvelles ressources propres et notamment le fameux mécanisme d’ajustement carbone aux frontières.

 

C’est tout l’enjeu de ce que nous réservent les réunions de ces prochains jours : on y reviendra, bien sûr !

 

 

 

Philippe COSTE

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