L’OUBLI COLLECTIF

 

La pandémie actuelle du Coronavirus ressemble énormément à la grippe espagnole de 1918-1919. Comment se fait-il que cet évènement majeur à l’époque (250 000 morts en France, 50 millions dans le monde) n’ait pas laissé plus de trace dans la conscience collective, n’ait pas incité les sociétés à mieux se préparer ?

En 1918, c’est la fin de la guerre et il y a eu tellement de morts et de blessés que cette pandémie passe en quelle que sorte inaperçue. Ensuite, l’information était surveillée par la censure et il y avait sûrement la consigne de ne pas affoler un peu plus la population. Et, en France, on était en train de la gagner cette guerre, alors on ne pensait plus qu’à cette bonne nouvelle et pas aux autres.

Aussi, pas de trace, pas de mémoire ?  Dans les familles, on n’a moins parlé des décès dûs à la grippe espagnole, bien peu glorieux, alors qu’on parlait des héros morts à la guerre 14-18. Des traces dans la conscience collective ? Non. Il n’y en a quasiment pas ; on a également oublié les épidémies plus anciennes, la peste à Marseille au 17ème siècle et même la grande peste de 1348 qui a divisé par trois la population de l’Europe.

On est complètement passé à côté de ce type de problème, de ces épidémies qui peuvent ravager la planète, la ravager d’autant plus vite qu’on circule beaucoup et très vite maintenant, et qu’on est beaucoup plus nombreux !

Il est clair qu’on peut prendre des précautions : par exemple, faire en sorte que les fabrications de tel ou tel produit composant ne soient plus concentrées en un seul endroit, mais imposer une certaine dispersion des fabrications. Ensuite, ralentir les flux de population : si on interdisait brutalement les vols aériens, les trains, les véhicules terrestres autres que les chars à bœufs, il est clair que les maladies se propageraient moins vite et que les médecins auraient plus de temps pour s’organiser, chercher et trouver les remèdes.

Et il est clair aussi qu’une meilleure coordination internationale est indispensable en la matière ! Cette pandémie peut être le « dernier avertissement » avant une autre catastrophe qui pourrait être encore plus grave que celle qui nous arrive !

Après la seconde guerre mondiale, on a créé l’ONU pour essayer de réguler les rapports entre nations, puis en Europe on a décidé de s’unir plutôt que de préparer la énième nouvelle guerre. Espérons que la leçon de la présente pandémie sera tirée, et dans le bon sens !

Le seul côté positif, pour l’instant, c’est que la pollution de l’air diminue, et qu’on entend à nouveau les oiseaux chanter dans les arbres en ville !

 

Olivier CAZENAVE
Vice-Président délégué de la Fondation Prospective et Innovatio