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Présence chinoise en Afrique, entre fictions et réalités

Date de la brève : 26 novembre 2020

De manière générale, les avis basculent entre deux tendances : certains considèrent la présence chinoise en Afrique comme une opportunité tandis que d’autres sont plus sceptiques voire alarmistes, notamment en ce qui concerne la BRI ou les richesses naturelles (l’Afrique subsaharienne possédant 23 % des réserves mondiale d’uranium, 25 % de bauxite, 56 % de cobalt).

 

Échanges commerciaux Chine – Afrique :

  • -Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont atteint le niveau record de 208,7 milliards de dollars en 2019 (soit une augmentation de 2,2 % par rapport à 2018).
  • -Les exportations chinoises vers l’Afrique étaient d’environ 113,2 milliards de dollars, et les importations en provenance du continent d’environ 95,5 milliards de dollars.
  • -80% des importations chinoises en provenance de l’Afrique sont des matières premières brutes, dont 65 % du pétrole. A l’inverse, la Chine exporte majoritairement des produits manufacturés, électromécaniques (45 %), équipements de transports (31 %), textiles etc.
  • -En 2019 : 40 pays africains ont connu des déficits commerciaux avec la Chine et 12 ont eu une balance excédentaire (dont l’Angola avec un excédent de 21,5 milliards de dollars, l’Afrique du Sud avec 10,6 milliards de dollars et la RDC avec 5,6 milliards de dollars).

 

Prêts chinois aux pays africains : 

  • -L’encours exact est difficile à cerner car les chiffres qui circulent portent aussi sur les prêts non encore décaissés.
  • -La somme des prêts chinois accordés aux pays africains entre 2000 et 2019 est estimée à 147 milliards de dollars, déjà remboursés, en cours de remboursement, annulés.
  • -Ces 147 milliards sont répartis sur 49 pays africains mais concentrés sur quelques-uns : l’Angola capte plus de 31,2%, l’Ethiopie 10% et le Kenya 6,4%.
  • -En 2019 la Chine a annulé 233 millions de dollars de dettes en Afrique.
  • -La China Eximbank et la China Development Bank détiennent la majorité des créances.
  • -Les conditions des prêts sont moins avantageuses que les médias ne le laissent penser : pour la plupart, il s’agit de prêts commerciaux de maturité limitée (entre 10 à 15 ans), avec un différé d’environ 5 ans (relativement cours). Pour comparaison, le Club de Paris accorde des prêts de maturité plus éloignées (entre 20 à 40 ans) avec un différé de paiement plus long (entre 5 et 10 ans). Mais, la part des prêts consentis par le Club de Paris n’a cessé de se contracter.
  • -La Chine est moins regardante quant aux situations politiques des pays et a tendance à prêter plus, surtout lorsqu’il s’agit de projets liés à l’infrastructure. Enfin, ses prêts sont généralement assortis d’un degré de concessionnalité.
  • -Les prêts chinois à l’Afrique ont récemment tendance à se réduire.
  • -L’endettement total du continent est estimé à 365 milliards de dollars (dont environ un petit tiers détenu par la Chine).
  • -Mi-avril, les pays du G20 ont convenu d’un moratoire de la dette jusqu’à la fin de l’année. Début novembre, le G20 est allé plus loin en acceptant d’étudier au cas par cas, des demandes de rééchelonnement, de réduction, voire d’annulation de dette pour les pays les plus pauvres, dont 38 d’Afrique subsaharienne. Le cadre adopté par les ministres des Finances du G20 est celui qui fixe les principes communs du Club de Paris.

 

IDE chinois en Afrique :

  • -Lors du Forum on China-Africa Cooperation de 2018, Beijing s’est engagé à « investir au moins 10 milliards de dollars en Afrique au cours des trois prochaines années » (parmi les 60 milliards prévus par le gouvernement chinois dans sa stratégie d’ouverture internationale).
  • -Le volume réel des IDE en Afrique reste faible, la majeure partie des financements sont des prêts. L’année 2017 est assez révélatrice : les IDE chinois vers l’Afrique représentaient 4,1milliards de dollars. Malgré ce montant relativement réduit, la Chine voit sa part dans les stocks et les flux d’IDE en Afrique croître face aux pays occidentaux qui désinvestissent. La CNUCED prévoit une contraction globale de 25 à 40 %.
  • -Les secteurs privilégiés sont les mines, les finances, le bâtiment, les industries.
  • -On note une montée en puissance de la Chine dans le paysage de la sécurité en Afrique.

 

Quelques grands projets d’infrastructures :

  • -La Chine se place comme un partenaire de référence en matière d’infrastructure et apporte son soutien à la construction et reconstruction de routes, de voies ferrées, d’hôpitaux, de structures éducatives, bâtiments officiels etc.
  • -Particulièrement active au Sénégal où elle a financé l’autoroute d’Ila Touba (113 km) à hauteur de 800 millions de dollars, le Grand Théâtre National, le Grand Musée des Civilisations Noires (30 millions de dollars)…

 

POINTS COMPLÉMENTAIRES

 

COVID-19 et gestion de la dette africaine :

  • -Pour l’ensemble du continent au 4 décembre 2020 on note : 2.150.439 cas, 51 481 morts avec une concentration en Afrique du Sud, au Maroc, et en Égypte.
  • -Selon la BAD, la croissance devrait rebondir à 3% en 2021, contre -3,4% pour 2020.
  • -En début d’année, des dirigeants africains (tel que Macky SALL, Président du Sénégal) ont sollicité une annulation de la dette.

 

Assoir la souveraineté économique de l’Afrique dans les échanges internationaux

  • -La plupart des pays africains concentrent toujours leurs efforts sur l’extraction des matières premières en laissant la valeur ajoutée de la transformation en produits intermédiaires/finit aux acteurs extérieurs (erreur stratégique considérable qui met en péril la souveraineté économique du continent).
  • -Par exemple : l’Afrique ne transforme que 3% de la fibre de coton, exporte les 97% restant pour ensuite importer les produits fabriqués à partir de cette fibre (draps, les vêtements, les toiles, etc).
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