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Outre d’autres évènements notables tels que les élections à Taïwan et le lancement de la Coupe d’Afrique des nations, l’année 2024 a commencé avec un rendez-vous international majeur, le Consumer Electronics Show (CES), qui s’est tenu du 9 au 12 janvier à Las Vegas. Vitrine mondiale pour les dernières technologies et les innovations dans le domaine de l’électronique grand public, la Fondation Prospective & Innovation revient ici sur cette grand-messe des nouvelles technologies devenue incontournable.

Organisé par la Consumer Technology Association (CTA), un organisme américain de normalisation et syndicat professionnel pour l’industrie de l’électronique grand public représentant plus de 18 millions d’emplois aux États-Unis, le CES compte parmi les plus grands salons de l’industrie technologique. Des milliers d’entreprises – dont des start-ups en particulier –, de professionnels et d’enthousiastes de ces domaines sont réunis tous les ans à cette occasion pour présenter ou découvrir des gadgets futuristes, des prototypes audacieux et autres tendances révolutionnaires qui façonneront bientôt notre quotidien. Des écrans pliables aux véhicules autonomes, en passant par les objets connectés à l’intelligence surprenante – quarante secteurs sont représentés au total –, le CES propose une expérience immersive et se révèle être le catalyseur de découvertes qui dépassent souvent l’imagination.

Il est bon de rappeler que le premier CES s’est tenu en juin 1967, à New York dans les hôtels Hilton et Americana. Il s’agissait alors d’une émanation du Chicago Music Show, un salon de la musique. Même si seulement quatorze entreprises ont participé à cette édition, dont Motorola, LG et Philips, l’évènement a toutefois marqué les esprits avec la présentation d’appareils électroniques à semi-conducteurs et d’appareils produits par des fabricants japonais. À partir de 1972, le CES a évolué vers un format biannuel : une édition était organisée l’été à Chicago, et une autre l’hiver à Las Vegas. Puis, face au déclin de l’édition estivale dans les années 1990, cette dernière commença à se tenir dans différentes villes comme Orlando, et non plus seulement à Chicago, jusqu’à ce qu’elle soit supprimée. L’édition Las Vegas est aujourd’hui la seule qui perdure.

Lors de cette 56e édition, pas moins de 130 000 visiteurs sont venus à la rencontre de plus de 3500 exposants (dont 1200 start-ups), parmi lesquels figuraient entre autres Google, Panasonic, Sony, Samsung, Facebook, Amazon, Hyundai ou encore LG. Après un passage à vide durant les « années Covid-19 », qui ont imposé un format entièrement virtuel en 2020 et en 2021 puis partiellement en 2022 – bon nombre de grands groupes avaient alors choisi d’annuler leur participation –, le CES a peu à peu repris une activité normale et voit le nombre de participants augmenter depuis 2023, où 118 000 visiteurs et 3000 entreprises avaient été recensés. La participation reste cependant encore inférieure au record de l’édition 2015, avec plus de 175 000 visiteurs dont près de 50 000 étrangers, 3600 exposants et environ 6900 médias.

Cette année, l’intelligence artificielle était presque omniprésente dans la plupart des objets exposés. À titre d’exemple, nous pourrions citer la brosse à dents guidant son utilisateur, les engins de travaux publics autonomes, ainsi que le lave-linge qui mesure la composition et le degré de saleté des vêtements. Intel et AMD ont aussi présenté leurs derniers processeurs conçus pour améliorer les performances d’IA dans les usages au quotidien, alors que ces technologies étaient auparavant limitées au développement en laboratoire. La présentation de ces innovations s’est également accompagnée de discussions sur le déploiement de l’IA à grande échelle, les types d’usages et les enjeux de sécurité associés.

Dans l’ensemble, les firmes coréennes (Hyundai, Samsung, LG) se sont démarquées vis-à-vis des grands acteurs économiques chinois, dont BYD et Huawei en particulier qui étaient quasiment absents. Hyundai a par exemple fait la démonstration d’une voiture dont les roues permettent au véhicule de tourner sur lui-même ou d’avancer latéralement, tandis que Samsung a dévoilé la mise à jour de sa gamme de téléviseurs intelligents. D’autres entreprises coréennes de plus petite taille sortent aussi du lot, à l’instar de Charmcare avec son moniteur ambulatoire de tension artérielle. S’agissant des constructeurs automobiles américains, ils étaient eux aussi en retrait durant le salon, probablement en raison du mouvement de grève historique au terme duquel les travailleurs du secteur ont obtenu gain de cause, dont une augmentation salariale de 25% sur les cinq prochaines années et des primes pour les retraités.

La France, quant à elle, était bien présente à son échelle. Au sein de son pavillon, plus de 150 entreprises originaires de toutes les régions et de toutes les tailles exposaient en 2024. Ces dernières ont ainsi valorisé leurs innovations dans des domaines aussi nombreux que variés, tels que le tourisme, le secteur automobile, l’internet des objets, la santé et le bien-être, etc. À travers le soutien et l’accompagnement qu’elle propose à cette délégation chaque année, Business France joue un rôle crucial et met ainsi en œuvre la nouvelle stratégie de développement export de la France, visant à renforcer la visibilité de l’offre française sur la scène internationale. L’agence française organise notamment des sessions de préparation, des opportunités de réseautage et un support logistique. Preuve de cet engagement significatif croissant de la France au CES et de l’intérêt qu’il suscite de plus en plus, la délégation française était cette année la plus grande délégation étrangère participant au salon. Lors de l’édition de 2022, l’Hexagone était déjà le deuxième pays le plus représenté, derrière les États-Unis.

De cette manière, la France continue à s’engager en faveur de l’innovation et montre son désir de jouer un rôle clé dans le développement des technologies de demain. À travers le rayonnement des entreprises françaises, notamment lors des évènements comme le CES, le gouvernement cherche à entretenir son image de terre fertile pour l’innovation. Dans cette perspective, différents dispositifs – tels que les appels à projets du plan d’investissement France 2030, doté d’une enveloppe globale de 54 Md€, et le crédit d’impôt recherche – ont justement été mis en place par les pouvoirs publics pour mieux les soutenir. L’ambition est portée au plus haut niveau, comme en atteste la déclaration du Président de la République qui annonçait en 2021, pour le lancement de France 2030, vouloir positionner la France en « leadeur du monde de demain ».

Samuel EVENO, Chargé de mission auprès de la Directrice générale

 

POUR ALLER PLUS LOIN :

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