- A quelques jours du Sommet pour l’action sur l’IA à Paris, M. Jean-François Copé, ancien Ministre, Maire de Meaux, Président délégué de la FPI, est intervenu sur l’importance de ce Sommet et les enjeux de la régulation et de la gouvernance mondiale de l’IA.
- M. Copé a développé trois convictions fortes sur l’IA ce 23 janvier, à l’invitation de l’ESCP pour le lancement de son Institut géopolitique.
- Ce Sommet est stratégique et vise à positionner l’Europe en « hub mondial » de l’IA.
Le 23 janvier, l’ESCP Business School a lancé son nouvel Institut géopolitique, dirigé par les Professeurs Maxime Lefebvre et Vanessa Strauss-Kahn en organisant comme première conférence : « Faut-il réguler l’IA ? Les enjeux du Sommet de Paris ».
Jean-François Copé, ancien Ministre, Maire de Meaux et Président délégué de la Fondation, a été invité à ouvrir les débats et a développé trois convictions :
- La réglementation doit soutenir l’innovation autant qu’elle doit préserver nos libertés: L’Europe est prise en étau entre les Etats-Unis et la Chine et confrontée à un dilemme difficile : réglementer pour mieux préserver nos libertés et nos démocraties sans générer un surcoût trop élevé pour les investissements ni une entrave majeure à l’innovation. Avec l’AI Act, l’UE prend de l’avance dans la course au leadership normatif mais elle doit être très vigilante à ne pas pousser des fleurons européens à délocaliser outre-Atlantique.
- La responsabilisation de toutes les parties prenantes est essentielle pour les démocraties : Face aux risques avérés de manipulation des populations par l’IA que M. Copé avait déjà dénoncés avec le Dr Laurent Alexandre, dès 2019, dans « L’IA va-t-elle aussi tuer la démocratie ?», M. Copé appelle à investir dans la formation aux nouvelles technologies, l’éducation en faveur d’une véritable pensée critique et la sensibilisation sur les risques associés à l’IA mais aussi à responsabiliser et encadrer les plateformes et les acteurs de l’IA par un système de régulation efficace.
- La souveraineté de l’Europe face aux Etats-Unis et à la Chine doit être une priorité stratégique : L’Europe se trouve aujourd’hui dans une compétition asymétrique dans laquelle elle a peu de leviers pour imposer ses normes face aux géants américains et chinois qui privilégient l’innovation rapide, souvent au détriment du respect des normes éthiques. Les différences de moyens investis sont très importantes : environ 68 milliards de dollars par les Etats-Unis en 2023 contre seulement 9 par l’Europe, et cela avant l’annonce par Donald Trump, du projet « Stargate » doté de 500 milliards de dollars d’ici 2029. Et la Chine vient de rebattre les cartes avec le lancement de DeepSeek R1 dont les performances techniques sont au moins de la qualité de ChatGPT mais pour un coût d’usage bien inférieur. Ne pouvant se résigner à laisser s’installer le duopole Etats-Unis / Chine et à imposer seuls leurs règles, M. Jean-François Copé a appelé l’Europe à tracer une voie médiane en matière d’IA, afin de préserver sa souveraineté sur la scène internationale.
Sommet de Paris pour l’action sur l’IA des 10 et 11 février : Pour une gouvernance mondiale harmonisée de l’IA
Les 10 et 11 février 2025, les projecteurs se braqueront sur l’Europe, et Paris en particulier où se tiendra le Sommet pour l’action sur l’IA, organisé à l’initiative de M. Emmanuel Macron, Président de la République française, et co-présidé avec Narendra Modi, Premier ministre de l’Inde. Ce rendez-vous international qui est soutenu par la Commission européenne devrait accueillir près de 1000 leaders : chefs d’État et de gouvernement, dont bien sûr ceux des Etats-membres, dirigeants d’entreprise et d’institutions, chercheurs, artistes, etc.
La régulation de l’IA est un défi mondial et de nombreuses initiatives ont été prises depuis 2020 telles que le Global Partnership on AI (OCDE), le Global Digital Compact (ONU) ou encore l’AI Act européen mais elles peinent à converger, avec un risque de « balkanisation normative », où des réglementations contradictoires freinent l’harmonisation nécessaire. Pour répondre à cette fragmentation, un premier sommet sur les risques de l’IA a été organisé en 2023 à Bletchley Park, au Royaume-Uni, marquant le début d’une coopération internationale. La Déclaration de Bletchley Park, signée par 28 États, posait les bases d’une gouvernance commune. Deux ans plus tard, la France prend la relève avec une approche élargie et volontairement optimiste autour de cinq domaines :
- L’intérêt public
- L’avenir du travail
- L’innovation et la culture
- L’IA responsable
- La gouvernance mondiale
Et pour nourrir les débats et assurer une forte mobilisation des différentes parties prenantes, le sommet sera précédé par une « Semaine de l’IA » riche en évènements :
- Les Journées scientifiques (6-7 février) à l’Ecole Polytechnique de Paris.
- Le Week-end culturel (8-9 février) à la Bibliothèque nationale de France et à la Conciergerie autour des enjeux de création artistique, de propriété intellectuelle ou encore de patrimoine.
- Les résultats de l’Appel à projets IA : Lancé lors de la 7ème édition du Forum de Paris sur la Paix en novembre 2024, cet Appel à des initiatives internationales promouvant un usage éthique et citoyen de l’IA a reçu plus de 770 candidatures. Les 50 lauréats seront dévoilés lors du Sommet.
- Et bien d’autres initiatives portées par l’ONU, l’UNESCO, le Conseil de l’Europe, différentes institutions avec aussi un Business Day à la Station F avec plus de 3000 acteurs économiques ou encore une journée sur Démocratie et IA à l’École Normale Supérieure.
Pour accéder au programme, cliquer sur ce lien : Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle
Le Sommet de Paris, une nouvelle étape pour construire et consolider l’Europe de l’IA ?
Dans la course au leadership normatif et technologique, l’IA est sans conteste un levier d’influence majeur. Avec le soutien de la Commission européenne, ce sommet de Paris vise à faire entendre une voix européenne unie sur le sujet.
C’est aussi l’occasion pour la France de renforcer sa position sur la scène mondiale de l’IA et asseoir son rôle central dans la mise en œuvre de l’AI Act grâce à de solides atouts :
- Son écosystème d’innovation: près de 1000 start-ups dont des licornes emblématiques telles que Mistral AI en premier lieu, Hugging Face et Dataiku, entre autres ;
- Ses pôles d’excellence et ses formations de haut niveau internationalement reconnues dont le Paris AI Research Institute en particulier ;
- Une vision stratégique initiée dès 2018 (plan dit « Villani ») et dotée depuis d’un budget de 4 milliards d’euros d’ici à 2030.
L’enjeu sera également de montrer à nos partenaires européens que Paris est un candidat solide pour accueillir le siège du futur Office européen de l’IA.
Avec ce grand rendez-vous international de l’IA, la France souhaite consolider sa place sur l’échiquier mondial malgré des défis nombreux : une concurrence féroce, des ressources limitées ainsi que des divergences géopolitiques majeures.
Si le sommet parisien réussit son pari, il pourrait marquer un tournant majeur et structurant pour la France et l’Europe, non seulement dans la gouvernance, mais aussi dans l’innovation responsable de l’intelligence artificielle.

M. Jean-François Copé s’exprimant en ouverture de la conférence à l’ESCP Business School le 23 janvier.
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