LES OISEAUX MIGRATEURS
Combien d’enfants couchés échoués sur des plages
Qui n’ont pas dessiné de mouton sur la page
Combien de petits princes combien de petits pages
Qui n’ont jamais rêvé sur un livre d’images
Combien de chevaliers sans princesse et sans pois
De petits écuyers sans fortune et sans loi
Combien d’aventuriers errants sans illusions
Voyageurs sans bagages et sans destination
Mes amis sont oiseaux papillons migrateurs
Ils recherchent un nid quelques brins de bonheur
Ils embarquent de nuit sans voiles et sans moteur
Et se noient sans un cri sans couronnes sans fleurs
Echapper mon amour aux morsures de la rage
Effacer mon amour le refus du partage
Oublier mon amour l’infini gaspillage
Echapper mon amour aux éclairs des orages
Disperser pour toujours la paille du berceau
Abandonner un jour sa terre maternelle
Déserter sa patrie sa langue et son drapeau
Et vivre sans tomber l’envol des hirondelles
Mes amis sont oiseaux papillons migrateurs
Ils recherchent un nid quelques brins de bonheur
Ils embarquent de nuit sans voiles et sans moteur
Et se noient sans un cri sans couronnes sans fleurs
Emigrer mon amour arracher ses racines
Pour aller rechercher loin d’ici un ailleurs
Emigrer mon amour hisser la brigantine
Pour trouver hors d’ici un monde bien meilleur
S’en aller sans retour mutiler son enfance
Poser sur sa douleur les chardons de l’absence
Affronter sans rancœur l’amère indifférence
Etancher sans espoir des sanglots de violence
Mes amis sont oiseaux papillons migrateurs
Ils recherchent un nid quelques brins de bonheur
Ils embarquent de nuit sans voiles et sans moteur
Et se noient sans un cri sans couronnes sans fleurs
Jean-Pierre GUÉNO
