Date de parution : 24 octobre 2017
Confucius usait volontiers de métaphores pour éveiller dans l’esprit de ses disciples le cheminement qui les mènerait à trouver par eux-mêmes ce qu’ils désiraient apprendre de lui. Ce chemin de pensée comptait plus que la réponse qu’il lui eût été facule de leur fournir.
La tradition intellectuelle et politique en est demeurée vivace en Chine : Deng Xiaoping transforma le cours de la RPC avec un simple adage sur les chats, noir ou blanc, qui attrapent les souris. En lançant à Astana, le 7 septembre 2013, le projet rapidement popularisé sous le nom de « nouvelles routes de la soie », le président Xi Jinping invitait de même le monde à envisager autrement le futur de sa géoéconomie.
Cette « Belt and Road Initiative », BRI, un moment connue sous le signe OBOR (One Belt, One Road) n’a cessé de prendre de l’ampleur. Dotée d’institutions, de ressources, de programmes, forte de l’adhésion déjà de plus de cent Etats ou Institutions internationales, elle est en outre méthodiquement propagée comme l’agenda du demi-siècle à venir.
Il importait donc d’en approfondir le sens, et la session exceptionnellement tenue à Paris par le Forum du BOAO, à l’invitation de la Fondation Prospective et Innovation, le 15 septembre dernier, a éclairé le sujet en même temps qu’elle en a mesuré les enjeux.
Yidai, Yilu – le vrai nom en chinois de la BRI – insiste sur l’espérance d’unité accrue que marque l’idéogramme Yi, répété. L’idée n’est pas du tout de tout ramener à une route unique, fût elle de la soie pour se rendre sympathique, qui formerait une ceinture unique corsetant l’Eurasie, mais d’ouvrir des voies (route, Yin) et de rassembler (ceinture, Yang) de manière à promouvoir une propension à la synergie entre les peuples du heartland eurasiatique. L’unité est ici téléologique, et non technocratique. Elle commence par l’appel à la diversité. A l’écoute en vue de l’entente.
En présence de cette proposition que la Chine déploie avec succès et sûreté, les Européens touchent du doigt le grand besoin de stratégie de leur part, s’ils doivent y prendre part. La BRI a besoin d’eux, se défausser serait un choix par défaut. Les débats du 15 septembre ici synthétisés montrent que la balle est dans le camp de l’Europe : à tout le moins devrait-elle s’inspirer de l’idée du Yi en ce qui la concerne, pour décider comment répondre solidairement.
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