FPI
Publications

Sous le haut patronage du Président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, et de la République française, Emmanuel Macron, en partenariat avec la WRSA (Western Returned Scholars Association) et la Mairie de Deauville, la Fondation Prospective & Innovation (FPI) présidée par Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, a organisé la sixième édition du Forum culturel franco-chinois, cette année sur la côte normande. Les mécènes, pour certains fidèles à la FPI depuis des années, ont accompagné cette manifestation : un grand merci au Groupe Barrière, au Groupe Vivendi, à Quanzhou Porcelain Road Art Development Center, à Calvados Expérience, à la Maison Bernardaud, aux Vignobles Jade, à la Maison Camus, à Xige Estate, à Lacoste, à Longines et à Vranken Pommery. Il fallait de grands noms pour célébrer cette édition anniversaire du Forum et ils furent au rendez-vous – avec notamment l’ancien Ministre, Maire de Meaux et Président délégué de la FPI Jean-François Copé, la questeure Michèle Tabarot, la sénatrice Catherine Dumas, l’Ambassadeur Lu Shaye, Arnaud de Puyfontaine, Sylvie Bermann, Bettina Rheims, Jean Pistre, Renaud Capuçon, Michel Dalberto, Xavier Thuizat, Ulysse Gosset, etc.

 

Le 6e Forum culturel franco-chinois a offert à de nombreuses personnalités chinoises et françaises, venues de tous horizons, une nouvelle opportunité de se rencontrer. Qu’est-ce que « rencontrer » ? En ouverture de ce Forum, dans l’auditorium des Franciscaines de Deauville, Jean-Pierre Raffarin, en sa qualité d’ancien Premier ministre et de Président de la FPI, ainsi qu’initiateur de ces forums, a donné non pas une définition, mais sa vision de ce qu’est une « rencontre ». Avec ce goût des mots qui sont sa signature, Jean-Pierre Raffarin a surpris l’audience : « Quand on ne sait pas parler chinois, ce n’est pas un problème en Chine. Car les peuples sensibles savent comment se faire comprendre bien au-delà des mots. Ils savent faire des discours, échanger, dialoguer », a-t-il déclaré. C’est alors qu’en quittant soudain le pupitre, l’orateur abandonnait le micro et mimait toutes sortes d’attitude et de gestes pour tantôt inviter, dire son accord ou son désaccord, sa volonté d’aller, de faire etc.

Le jour de la clôture Edouard Philippe, ancien Premier ministre et Maire du Havre, a discuté lui aussi de cette même question dans son propos : que signifie « rencontrer » ? Il a rappelé que sa ville, Le Havre, située à quelques encâblures de Deauville, était jumelée avec une ville chinoise – Dalian, autre grand port dans le golfe de Corée. Il notait qu’il n’était pas facile de comprendre la Chine. D’abord parce que la barrière de la langue est plus importante qu’ailleurs. Comment faire ? Avec l’humour qui le caractérise, il se souvenait qu’un de ses amis, plus expert de la société chinoise, lui avait dit : « Même si tu ne parles pas la langue, même si tu as du mal à entrer dans le monde mental chinois, dis-toi que si tu reviens tous les ans, les Chinois respecteront ta curiosité ». Alors depuis, il n’a cessé de se rendre en Chine chaque année. Y aller pour rendre visite à la ville jumelée, mais progressivement élargir le champ de sa curiosité et aller ici et là, sillonner le pays et les esprits. De cette rencontre, transformée en rendez-vous annuel, sont nées bien des rencontres, jusqu’à un rare entretien avec le président Xi en 2018 !

Sans le savoir, les deux premiers ministres, dans ce pas de deux (que ni l’un ni l’autre n’avait anticipé), faisaient la démonstration que la rencontre, c’est d’abord le désir de la rencontre. Pour ces hommes de paroles, grands politiques, la rencontre, relevait moins d’un contenu que d’un désir. C’est sur ce socle anthropologique profond que le maire de Deauville Philippe Augier avait proposé cette année le thème de la « transmission ». Le maire a souligné la part importante que cette question occupe dans la politique qu’il a mise en place depuis deux décennies. A Deauville, cette idée s’est incarnée d’une manière originale. Pour chaque nouveau-né, la commune plante un arbre dans le parc Calouste Gulbenkian. Ainsi une petite forêt pousse à quelques encablures du centre-ville qui grandit comme la population, avec des racines et des branches. Mais au-delà, Deauville s’est dotée d’une véritable machine à transmettre. Les Franciscaines, avec son concept unique où la bibliothèque interagit sans cesse avec le musée, met à disposition du public des livres, des films, des documents originaux et des œuvres. Au quotidien, voir les enfants, les parents, les grands-parents évoluer dans les différents espaces constitue ainsi la plus belle image de la transmission.

Sur cette problématique, que d’interventions brillantes et marquantes il y a eu ! Naturellement il serait impossible de toutes les mentionner. Il ne s’agit pas d’être exhaustif mais seulement de faire sentir l’intensité et la variété de ce qui s’est produit, durant ces trois jours à Deauville et qui a valeur d’évènement. Presque de commencement. Car jamais ces forums ne se sont tenus, en France comme en Chine (et surtout en Chine) ailleurs que dans de grandes villes, voire de très grandes agglomérations comme Lyon, Nice, ou encore Pékin, Suzhou, etc. Venir à Deauville, faire en sorte qu’une petite ville succède à une autre bien plus grande, et qu’elle passe le relais à Changsha pour l’édition 2025, qui compte quelques millions d’âmes, constitue en soi une curiosité. Sans doute nos amis chinois, venus en fortes délégations, ont-ils été surpris de pouvoir ainsi déambuler d’un site à l’autre – de l’hôtel Royal au CID, du CID aux Franciscaines, etc. En ne marchant à chaque fois pas plus de huit minutes, et seulement dans de petites rues bordées de villas à l’esthétique normande et balnéaire…

La cérémonie d’ouverture du Forum, dans l’Auditorium des Franciscaines, a permis, pour reprendre les mots d’Emmanuelle Pérès, Directrice générale de la FPI, et Li Min, Secrétaire Général de la Western Returned Scholars Association – les deux concepteurs et organisateurs de la rencontre –, de souligner les incarnations les plus éclatantes d’une longue histoire de rencontre entre la Chine et la France. En cette année du soixantième anniversaire de la reconnaissance de la République populaire de Chine par la France et de l’Année franco-chinoise du tourisme culturel, le public a pu ainsi mesurer à travers les grands témoins, aux parcours si variés, combien cette courroie de transmission qu’est le Forum culturel franco-chinois était riche.

***

Le lendemain, comme dans chaque forum, était programmée une journée consacrée aux ateliers. Six ateliers, avec six intervenants chacun, qui tous sont tenus de présenter une réflexion, une histoire, un fait en moins de neuf minutes. Une gageure pour des personnalités qui sont riches d’expériences et de projets qui justifieraient sans doute tous de plusieurs heures de discussion.

  • Institutions muséales

Sans doute l’atelier intitulé « Institutions muséales » paraissait le plus proche de la question à l’ordre du jour – « transmission ». Car que font les institutions muséales sinon s’organiser pour transmettre – à côté et avec d’autres moyens que l’école ou encore la famille. Un panel franco-chinois de haut niveau s’est exprimé sur le rôle central que jouent ces institutions dans la transmission, soulignant notamment comment ces dernières peuvent combiner tradition et innovation pour nourrir le public. Dans ce monde ouaté de la conservation d’archives, les intervenants ont mis en lumière la capacité à innover de ces institutions, bien souvent anciennes – techniques modernes de la 3D qui enrichissent l’expérience de la visite, usages de l’IA, mise en place de scénographies avancées pour favoriser l’accès aux contenus, etc. Les intervenants ont aussi insisté sur le rôle de la transmission intergénérationnelle à travers la conservation d’objets tels que les horloges anciennes du Palais de la Cité interdite et l’accès à des archives audiovisuelles grâce notamment à des outils numériques modernes comme les podcasts et les plateformes de streaming, susceptibles de gagner l’attention des nouvelles générations. Autant d’initiatives qui peuvent nourrir, au-delà des différences culturelles, le dialogue franco-chinois entre ces différentes institutions.

  • Tourisme culturel & Art de vivre

Modéré par la sénatrice de Paris (Île-de-France) Catherine Dumas, l’atelier « Tourisme culturel & Art de vivre » a permis d’enrichir la compréhension des liens entre création artistique, arts de vivre et tourisme culturel. Comment les objets du quotidien, présents dans les arts de la table ou les bijoux, reflètent-ils l’identité culturelle ? Comment nourrissent-ils des échanges créatifs ? A ce titre, les arts de la joaillerie, de l’orfèvrerie et de la porcelaine, alliant modernité et héritage, ont illustré la façon dont le patrimoine artisanal peut fasciner et séduire. Les deux domaines viticoles français et chinois représentés dans cet atelier ont par ailleurs témoigné de l’importance du vin et des spiritueux dans les échanges culturels. Sans oublier bien entendu le rôle prépondérant des plateformes numériques qui stimulent l’intérêt pour le tourisme culturel.

  • Cinéma, images et théâtre

Les interventions successives et les discussions de l’atelier consacré au cinéma, aux images et aux arts du spectacle ont illustré l’évolution des industries cinématographiques et d’animation. Le public a découvert comment des plateformes telles que Mediawan et Bilibili encouragent la production et l’exportation de contenus, allant des séries animées aux documentaires historiques. L’impact de l’IA sur l’animation a également été débattu, notamment par rapport à la réinvention des styles artistiques traditionnels. En outre, les intervenants ont marqué la nécessité d’adapter les œuvres pour les rendre universelles tout en respectant les spécificités culturelles dans le même temps. Une stratégue clé pour renforcer les collaborations internationales et sensibiliser de nouveaux publics.

  • Dialogue des civilisations

A travers les échanges culturels, quels qu’ils soient, ce sont des civilisations qui se rencontrent, mais comment concevoir et encourager cette rencontre ? C’est la question à laquelle les intervenants de l’atelier « Dialogue des civilisations » se sont efforcés de répondre en partageant leurs expériences. C’est la notion même de « civilisation », entendue dans sa plus large acception, qui a ouvert à des interventions très différentes : une discussion autour de la notion française de « galanterie », née d’une société aristocratique sous Louis XIV, aujourd’hui soumise aux interrogations de l’individualisme démocratique, ou encore une conversation, riche, autour du Prix Fulei,  prix éminent dans les échanges littéraires franco-chinois, qui récompense des œuvres contemporaines œuvrant à une compréhension mutuelle. Cet atelier a été l’occasion de revenir sur l’essor économique et technologique chinois depuis les réformes de Deng Xiaoping, ainsi que sur les initiatives numériques mises en place pour préserver le patrimoine, comme celui de Dunhuang, un carrefour culturel entre Orient et Occident. C’est enfin Versailles et son Opéra Royal qui étaient à l’honneur, en tant qu’emblèmes du patrimoine : c’est en effet cet opéra qui a incarné les échanges musicaux et artistiques entre Paris et Pékin au début de l’année 2024 pour célébrer les soixante ans des relations diplomatiques entre les deux pays.

  • Art contemporain et jeunesse

Conçu par la Fondation Yshu8, présidée par Christine Cayol, l’atelier dévolu à la place de la jeunesse dans l’art contemporain a exploré l’impact des résidences artistiques internationales, entre la France et la Chine. Des peintres, photographes et sculpteurs français et chinois ont partagé leurs expériences, le bénéfice qu’ils ont tiré des résidences offertes par Yshu8 à Pékin ou encore, pour un photographe chinois, de celle offerte cette année par le festival Planches Contact de Deauville. Les œuvres de ces jeunes artistes sont densément chargées du dialogue qu’elles entretiennent entre le concret et l’abstrait, entre le goût pour l’environnement immédiat et l’aspiration à incarner dans les œuvres des concepts universels. Certains artistes ont initié des collaborations commerciales et muséales, faisant la preuve qu’il y a un chemin entre l’art, le commerce et d’autres industries.

  • Industries Culturelles et Créatives

Les Industries Culturelles et Créatives (ICC) concernent les secteurs de la culture où l’art rencontre l’innovation – comme le cinéma, la musique, l’édition, les arts visuels, la mode, le design, le jeu vidéo ou encore le patrimoine. Bien plus que de simples vecteurs de création, les ICC jouent un rôle clé dans la valorisation des identités locales et le développement des économies modernes, réinventant notre façon de « consommer » la culture par l’intégration de nouvelles technologies. Dans le cadre de cet atelier animé par Ulysse Gosset, éditorialiste international chez BFMTV, ont été présentées des initiatives originales telles que les « visites augmentées » d’Histovery (Notre-Dame de Paris, château de Chambord, Palais des Papes, Conciergerie de Paris, etc.) et les « déambulations curieuses » de Cryptors in the City, un jeu de piste et de collection d’œuvres de street art dissimulées dans les espaces publics. Les intervenants chinois ont quant à eux témoigné de la vitalité de l’innovation dans ce secteur, à travers des initiatives mises en place par le géant chinois du jeu vidéo Tencent, également opérateur de la plateforme de messagerie Wechat, et ADDMORE.

***

Aucun forum ne serait achevé sans que l’art de vivre et de sentir ne vienne compléter les arts de dire. Aussi Deauville, au centre culturel des Franciscaines, accueillait-elle l’exposition « Blanc de Chine » mécénée par l’homme de culture Adam Yu. Un exceptionnel déploiement de chefs d’œuvres de porcelaine blanche, réalisés par les meilleurs artistes internationaux, à l’occasion des biennales que l’association Blanc de Chine organise régulièrement. Les œuvres traditionnelles, figurines de Bouddha, dialoguaient dans un même espace – le grand cloître des Franciscaines – avec des formes plus libres, illustrant des thèmes d’actualité, comme l’œuvre de la lauréate belge 2024, intitulée « Connexion », d’une délicatesse époustouflante aux apparences troubles – aussi dure que l’acier, aussi fine qu’une feuille de papier ! Jean-François Copé, ancien Ministre, Maire de Meaux et Président délégué de la FPI, a enfin conclu le Forum culturel franco-chinois avant que Xavier Thuizat, Meilleur Sommelier de France et Chef Sommelier de l’Hôtel de Crillon, fasse comprendre aux congressistes ce que « goûter » un vin – en l’occurrence le Saint-Emilion Grand Cru Fontfleurie 2019 des Vignobles Jade – signifie en France. Tandis que Michel Dalberto, célèbre pianiste virtuose, à la discographie classique de référence, proposait un concert à quatre mains avec David Jun Chen, son jeune élève chinois…

 

Par Thierry GRILLET

Directeur artistique du 6e Forum culturel franco-chinois,

avec le concours d’Elisa Lahay, Charlotte Rainaud, Samuel Eveno, Ghadi Takieddine et Maud Cartron.

 

LIRE AUSSI :

Regarder – Vidéo récapitulative de la 6ème édition du Forum culturel Franco-Chinois à Deauville

Découvrir – L’exposition Blanc de Chine

Découvrir – L’exposition Planches Contact

 

 

X