Lors de cette mission exploratoire, du 20 au 22 janvier, M. Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre et Président de la Fondation Prospective & Innovation était accompagné d’Emmanuelle Pérès, Directrice générale de la FPI, de Jia Liu, Directrice Import-Export du groupe HYS et de Charlotte Rainaud, Chargée de mission. L’objectif principal était de découvrir l’écosystème entrepreneurial dynamique du pays et d’explorer les opportunités économiques.
Au fil d’un programme intense, la Fondation a multiplié les échanges stratégiques avec des acteurs clés du pays. M. Jean-Pierre Raffarin a été reçu par M. Mokhtar Ould Diay, Premier ministre et M. Sid Ahmed Ould Bouh, ministre de l’Économie et des Finances. Des échanges approfondis ont aussi eu lieu avec M. Mohamed Zeine El Abidine Ould Cheikh Ahmed, Président de l’Union nationale du patronat mauritanien (UNPM) et ses membres. M. Jean-Pierre Raffarin a rencontré à plusieurs reprises la communauté d’affaires française, à l’initiative de S.E.M l’Ambassadeur Alexandre Garcia, Ambassadeur de France en Mauritanie. Par ailleurs, Jean-Pierre Raffarin a été invité à ouvrir le Sommet sur l’émancipation des jeunes et des femmes lors de la Conférence africaine pour la paix. Un événement de haut niveau dont l’édition 2025 était consacrée au dialogue interreligieux, durant laquelle le prix Africain pour la Paix a été remis au Président ivoirien Alassane Ouattara.
La Mauritanie : un pays d’équilibre en pleine mutation
Située à la croisée du Maghreb, du Sahel et de l’Afrique subsaharienne, la Mauritanie bénéficie d’une position stratégique. D’une superficie deux fois supérieure à celle de la France, le pays allie vastes espaces et ressources encore insuffisamment exploitées. Cette république islamique arabophone cultive une stabilité politique et diplomatique, privilégiant une approche pragmatique de l’Islam et du dialogue international. Élu à la présidence de l’Union africaine en 2024, le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani est reconnu aujourd’hui comme un acteur d’apaisement sur le continent.
Avec certes des défis importants, tout particulièrement en matière d’infrastructures et de développement, la Mauritanie amorce un tournant décisif. « Le temps de la Mauritanie arrive », a souligné Jean-Pierre Raffarin lors de son entretien avec Mokhtar Ould Diay, Premier ministre de la Mauritanie, évoquant un «alignement prometteur des planètes » qui crée une conjoncture idéale pour l’investissement et l’essor économique du pays. La visite d’état du Président mauritanien à Paris, en mai 2024, a marqué une étape dans le renforcement des relations bilatérales avec la France et a ouvert la voie à de nouvelles perspectives économiques.
Un terreau fertile pour les investisseurs
La Mauritanie se trouve à un tournant stratégique, portée par la richesse de son sous-sol et l’essor des énergies renouvelables. Son sous-sol recèle d’importants gisements d’or, de fer, de cuivre et d’uranium. L’or, devenu son premier produit d’exportation en 2022 grâce à la mine de Tasiast, illustre cette dynamique, tout comme la production de fer, qui devrait atteindre 22 millions de tonnes sous l’impulsion de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM).
À ces ressources traditionnelles s’ajoute un fort potentiel en énergies vertes : solaire, éolien et hydrogène suscitent un intérêt croissant, malgré une industrie encore dépendante du diesel et du fioul lourd. L’Union Européenne et l’Espagne misent d’ailleurs sur ce développement, avec 300 millions d’euros alloués aux infrastructures d’hydrogène.
L’exploitation gazière s’apprête, elle aussi, à transformer le paysage économique. En 2025, la mise en production du champ Grand Tortue Ahmeyim (GTA) pourrait propulser la croissance du pays à deux chiffres tandis que l’exploitation prochaine du champ offshore de Bir Allah devrait assurer une dynamique durable.
Au-delà des ressources énergétiques, d’autres secteurs cherchent à se structurer. La pêche, qui représente jusqu’à 40 % des exportations, soit environ 248.000 tonnes par an (2019), ambitionne de passer d’une industrie d’exportation brute à une véritable filière de transformation. Ce tournant stratégique nécessite des investissements ciblés, des transferts de technologies et l’implication d’acteurs capables d’accompagner l’essor d’un écosystème industriel à forte valeur ajoutée. Le tourisme, malgré des atouts naturels remarquables, peine encore à s’imposer mais pourrait connaître un certain essor.
La Mauritanie pose aujourd’hui les bases d’une modernisation plus large, notamment dans les infrastructures routières et ferroviaires, la logistique, le digital et la finance, soutenus par des partenariats public-privé. Le secteur de la santé, en quête d’investissements pour pallier le manque d’équipements et d’infrastructures, a récemment été mis en lumière par la première foire internationale médicale de Nouakchott (MEDEX).
Un cadre attractif pour les entreprises françaises
À seulement cinq heures de vol de la France, la Mauritanie est déterminée à attirer les investisseurs. Le faible décalage horaire, la francophonie largement répandue et les relations solides avec des pays voisins comme le Sénégal et le Maroc facilitent les échanges.
Le gouvernement met en place des réformes ambitieuses pour attirer les capitaux étrangers : création de l’Agence de Promotion des Investissements (APIM), lancement du Conseil Supérieur de l’Investissement et adoption d’un nouveau code de l’investissement. L’Union nationale du patronat mauritanien (UNPM) joue un rôle central en soutenant les réformes et en travaillant activement à l’amélioration du climat des affaires. Les échanges avec la France sont stables, autour de 323 millions d’euros, avec un excédent de 153 millions en faveur de Paris.
Si des défis persistent, la dynamique enclenchée et la volonté politique affichée laissent entrevoir un avenir prometteur. La Mauritanie, pays d’équilibre et d’opportunités, s’affirme comme une destination à suivre de près pour les investisseurs français.
Pour aller plus loin :
REVOIR – UN LIVRE, UN AUTEUR : « Afrique et Numérique » de Jean-Michel HUET