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« La Matinale des Ambassadeurs » avec Samira Sitaïl, Ambassadeure du Royaume du Maroc en France

Date de la conférence : 16 janvier 2025

Intervenants

  • SEMme Samira SITAÏL, Ambassadeure du Royaume du Maroc en France, auprès de Monaco et d’Andorre

 

  • 2024 a été synonyme de rapprochement pour Paris et Rabat, avec notamment la visite d’Etat d’Emmanuel Macron au Maroc en octobre.
  • Tirant profit de cette dynamique porteuse, la FPI a invité l’Ambassadeure du Maroc en France à intervenir dans le cadre du Crillon des Ambassadeurs le 16 janvier.
  • Le Maroc est un acteur central du continent africain et renforce son lien avec la France grâce à un « partenariat d’exception ».

 

 

Le 16 janvier 2025, la Fondation Prospective & Innovation, présidée par Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, poursuit son cycle de rencontres de très haut niveau autour d’un ambassadeur. Lors de cette nouvelle édition, la Fondation a eu le plaisir d’accueillir à l’Hôtel de Crillon – A Rosewood Hotel Son Excellence Madame Samira Sitaïl, Ambassadeure du Royaume du Maroc en France, auprès de Monaco et d’Andorre. Plus d’une quarantaine de personnalités issues du monde des affaires, de la politique, de la diplomatie et des médias étaient présentes. Les échanges ont notamment porté sur les relations entre la France et le Maroc, ainsi que sur la politique africaine du Maroc.

 

Quelles relations entretiennent aujourd’hui la France et le Maroc ?

Cette rencontre de haut niveau a été organisée dans un contexte de rapprochement historique entre la France et le Maroc, concrétisé par les récents accords signés par le Président de la République et le roi Mohammed VI en octobre 2024 lors de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron au royaume chérifien. Ces accords s’inscrivent dans le cadre d’un partenariat d’exception renforcé, acté le 28 octobre 2024 et qui marque un pas vers une plus grande coopération entre les deux pays – le dernier accord entre Paris et Rabat datant des années 1950. Le partenariat définit ainsi les principes d’une relation renouvelée et équilibrée, tels que celui du respect des décisions, la transparence, la responsabilité de chacun vis-à-vis de l’autre, ou encore le renforcement de la coopération sur des enjeux stratégiques. Ce rapprochement doit également être analysé à la lumière des engagements pris par Emmanuel Macron en faveur du Maroc le 30 juillet dernier : la France reconnaît la souveraineté totale du Royaume du Maroc sur le Sahara occidental.

Cette relation franco-marocaine s’inscrit dans une continuité historique malgré les tensions qui ont pu émerger. Mais il reste à noter que même dans les périodes difficiles, le Maroc n’a jamais rompu sa coopération avec la France en matière de sécurité. On peut se souvenir de la période des attentats à Paris de 2015 où le Maroc avait envoyé des experts du terrorisme en France dès le lendemain pour apporter une aide, qui a permis de neutraliser l’un des terroristes à Saint-Denis.

Cette relation est d’autant plus forte que nos deux pays ont en partage la Francophonie. Le français représente non seulement un outil de communication et de travail, mais surtout les valeurs de la francophonie que nous portons et incarnons au-delà de la langue.

Sur le plan économique, comme sur le plan sécuritaire, la coopération entre les opérateurs économiques des deux pays n’a jamais été rompue malgré les pics de tensions entre acteurs politiques. Les acteurs économiques ont été clés pour renouer et consolider les relations entre Paris et Rabat. Les 41 accords conclus du 28 au 30 octobre 2024 – pour une valeur estimée entre 11 et 13 milliards d’euros – permettront de soutenir cette dynamique et d’aller plus loin encore. Ces accords concernent un large panel de secteurs, que ce soit la santé et les vaccins, l’approvisionnement en eau, la gestion des ressources hydriques – avec en particulier un projet de construction de trente usines de dessalement d’ici à 2030 –, l’agriculture, les infrastructures routières, ferroviaires et maritimes, la gestion forestière, l’alimentation, l’intelligence artificielle, la coopération sécuritaire, militaire, culturelle, éducative et universitaire, etc. Même le sport a la part belle avec la Coupe d’Afrique des nations qui sera organisée au Maroc en 2026 et la Coupe du monde coorganisée avec l’Espagne et le Portugal en 2030.

 

 

La politique africaine du Maroc

Le Maroc se positionne comme un facilitateur sur le continent africain. Cette posture s’étend à la fois aux sphères politique, économique et même humanitaire :

  • Sur le plan politique, une bonne illustration est son intervention dans le dossier libyen en soutenant les accords de Skhirat signés en 2015. Ces derniers continuent aujourd’hui de structurer les affaires libyennes et ont permis d’établir des cadres de négociations durables respectueux des spécificités locales.
  • L’initiative atlantique de Mohammed VI pour aider les pays non riverains de l’océan Atlantique à accéder à cette façade de façon à faciliter leur commerce et à améliorer leurs économies, est un exemple parfait du rôle de facilitateur économique que joue le Maroc sur le continent. Les objectifs marocains de tels projets sont stratégiques ou géopolitiques, mais s’inscrivent surtout dans la coopération Sud-Sud dans laquelle le Maroc s’engage, ainsi que la volonté de soutenir des pays du Sud dans leur développement. Le Maroc ne serait donc pas dans une démarche d’aider, mais plutôt de coopération, de soutien à des projets et de partage des expertises et des connaissances. Un autre projet d’une ampleur considérable est celui du gazoduc entre le Nigeria et le Maroc qui servira d’outil d’intégration régionale.
  • Comme déjà mentionné, le Maroc assume aussi le rôle de facilitateur sur le plan humanitaire. Ce fut le cas lorsque le Roi est intervenu en parlant directement au président burkinabé pour libérer quatre officiers de la DGSE emprisonnés au Burkina Faso. En août 2023, un ressortissant roumain a été enlevé par un groupe djihadiste lié à Al-Qaeda au Burkina Faso, et le Maroc est intervenu pour le libérer aussi. Et à nouveau, le Maroc est intervenu pour la libération de deux touristes à la frontière entre le Niger et le Burkina Faso.

 

 

Ghadi TAKIEDDINE
Chargé de mission

 

 

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