L’escalade de la guerre en Ukraine se poursuit. Zelensky interpelle la Chine et Poutine accuse l’OTAN. Cette guerre sera sans doute longue, elle n’a pas encore atteint son paroxysme. Le Président ukrainien veut aller jusqu’au bout avec le soutien de ses alliés, le Président russe prépare son opinion à vivre avec la guerre et le Président américain n’est pas le plus pressé quand il mesure l’affaiblissement de la Russie, les embarras de la Chine et son commerce du blé, du gaz et des armes.
Dans une guerre longue le peuple ukrainien est assurément la première victime de cette agression russe, mais l’Union Européenne sera peut-être la seconde.
En effet, l’OTAN a déjà pris la place de chef de guerre en Europe, ce qui fragilise gravement le projet européen de défense et donc l’avenir de notre souveraineté.
Au-delà des effets néfastes sur la situation européenne tels que l’inflation ou l’approvisionnement énergétique, des fissures dans la solidarité européenne apparaissent, comme c’est le cas en ce qui concerne la relation franco-allemande.
Cette guerre aggrave les autres crises que doit affronter l’Europe, comme par exemple la tenaille sino-européenne qui multiplie les pressions sur notre continent ou les frictions avec le groupe Wagner qui se prolonge en Afrique…
L’Europe semble avoir le destin d’une balle de ping-pong qui reçoit des coups de raquettes de tous les côtés. Elle est d’évidence menacée de « sortie de l’Histoire ».
C’est la raison pour laquelle j’ai écrit un manifeste pour proposer une stratégie pour la survie de l’Europe(*).
Dans ce monde, dominé par les États Puissances, pour survivre il faut posséder un leadership reconnu par les autres. Quel peut être le leadership de l’Europe ?
Les sociétés civiles du monde entier nous proposent, par consensus, une voie : la protection de la planète pour la protection de l’humanité. La Planétisation de la politique est l’espoir commun des jeunes, de Shanghai à San Francisco.
L’Europe, siège de l’accord de Paris pour le Climat, peut et doit devenir le champion du monde de son application.
Si l’Europe devient le leader de la Planétisation et, c’est tout à fait possible, elle fera à nouveau respecter ses valeurs dans le monde entier.
(*) « Ne sortons pas de l’Histoire » aux éditions Michel Lafon.
Jean-Pierre RAFFARIN
Ancien Premier ministre
POUR ALLER PLUS LOIN:
SHERIF 2021 – « De la mondialisation à la planétisation »
Tribune – Les entreprises dans les turbulences mondiales
Vidéo – « L’Europe vue de l’intérieur : vers un nouvel élan ? » de Rudy AERNOUDT